SAL d'été : "Souffle d'Anatolie" - 5e étape
Bonjour !
Peut-être avez-vous été surprises de voir
sur quelle partie de l'ouvrage se situait
la quatrième étape ...... ?
Eh oui, j'aime bien la fantaisie, vous ne m'en voudrez pas ?
Du coup, voici la cinquième partie sous la robe du "Derwish (derviche) tourneur".
Je ne pouvais pas vous parler de Turquie sans aborder
un courant extrêmement mystique : le soufisme.
Malgré cela, je ne suis absolument pas habilitée à
vous expliquer cela de façon rigoureuse. Je ne me fais
que la porte-parole de ce que j'ai lu dans différentes sources.
Le soufisme est le mysticisme de l’Islam. Il est avant tout
une recherche de Dieu et son expression peut prendre
des formes très différentes.
Bien que le soufisme se veuille rigoureusement musulman,
l’Islam traditionnel, sunnite et chiite, considère le soufisme
avec la plus grande méfiance.
Le soufisme n’a aucune unité. Chaque maître se constitue une cohorte
de disciples attirés par la réputation de son enseignement.
L’importance de cet Islam secret n’en est pas moins remarquable.
En littérature, il a profondément inspiré certaines des oeuvres arabo-persanes
les plus remarquables comme les Contes des Mille et Une Nuit, par exemple.
C’est cependant par sa spiritualité que le soufisme, est le plus original.
"L’homme, par exemple, est un microcosme, c’est-à-dire un monde en réduction,
où l’on trouve l’image de l’univers, le macrocosme.
Il est donc naturel qu’en approfondissant la connaissance de l’homme,
on arrive à une perception du monde qui est déjà une approche de Dieu.
Percevoir Dieu derrière l’écran des choses implique la pureté de l’âme.
Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu:
" l’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu ".
Source : Michel Malherbes, Les Religions de l’Humanité, pages 192-194 Ed. Critérion
Les soufis cherchent l’union à Dieu, en cherchant la réalité cachée
du coran par le biais de l’abandon d’une vie matérielle.
On les appelle les derviches ou derviches errants.
Ils mènent une vie ascétique.
La cérémonie du Samâ reflète les étapes de la quête de Dieu.
Les derviches tourneurs se déplacent d’abord avec lenteur
et font trois fois le tour de la piste. Ce déplacement est le symbole
des âmes errantes. Après le troisième tour, le maître prend place
sur son tapis et les danseurs attendent.
Alors les chanteurs chantent et quand ils s’arrêtent,
les derviches, en un geste triomphal,
laissent tomber leur manteau noir, dévoilant leur vêtement blanc.
La chute du manteau est celle de l’illusion. Quand le manteau noir
représentant l’enveloppe charnelle est abandonné, c’est la résurrection.
Les derviches, bras croisés sur la poitrine,mains sur les épaules,
se mettent à tourner lentement, sur eux-mêmes puis écartent les bras,
la main droite tournée vers le ciel pour récolter la grâce de Dieu
et la main gauche tournée vers le sol pour la dispenser vers les hommes.
En même temps qu’ils tournent sur eux-mêmes, ils tournent autour de la salle.
Ce double tour n’est pas sans rappeler la loi de l’univers :
l’homme tourne autour de son centre, son cœur, et les astres gravitent autour du soleil.
Ce double symbolisme cosmique est le véritable sens du Samâ :
toute la création tourne autour d’un centre.
Source : L’univers symbolique des arts islamiques, Patrick RINGGENBERG, 2009.
Derviches tourneurs (ordre des Mevlevis)
Le philosophe et poète mystique (de langue persane) Djalâl ad-Dîn Rûmî (1207-1207)
"Éveilleur d'âmes", est l'un des plus hauts génies de la littérature spirituelle universelle.
Fondateur de la cérémonie du samâ des derviches tourneurs,
il fut aussi l'un des plus grands poètes mystiques de l'islam
et demeure aujourd'hui encore un «maître d'éveil» reconnu par les soufis.
A Konya (centre sud de la Turquie), le mausolée de Mevlana*,
*surnom du poète "notre maître", recouvert de faïence turquoise.
Konya, et son mausolée de Mevlana, est le deuxième site le plus visité de Turquie.
Et voilà ! Je vous ai apporté un petit aperçu de ce côté mystique,
toujours vivace dans le pays, mais dont la représentation est entrée,
au milieu du XXe siècle, dans le domaine
du folklore (et du tourisme), après avoir été interdite
en 1925, lors de la révolution, par Mustafa Kemal Atatürk.
Sur ce, je vous souhaite une très bonne semaine,
agrémentée de boissons fraîches et
remplie de jolies petites croix !